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#1 : L’art d’être heureux

« Il est impossible d’être heureux si l’on ne veut pas l’être. Il faut donc vouloir son bonheur et le faire » – Alain, Propos sur le bonheur, Du devoir d’être heureux.

Bonjour à tous. Merci d’être à l’écoute de Propos sur le bonheur l’émission qui met le bonheur au centre de ses priorités. Ici Saphia, la nouvelle chroniqueuse qui veut commencer par dire Merci Nicolas pour la confiance qu’il me témoigne et l’occasion qu’il m’est offerte de vous apporter à tous un peu de bonheur ou pour le moins des sources d’informations scientifiques, philosophiques et pratiques basées sur la psychologie positive. N’ayez crainte ce ne sont pas là des mots terribles mais rien de plus accessible à qui choisit d’être heureux. Avant cela, pour cette première capsule, je souhaite rendre hommage au philosophe père de l’émission et me réfugier dans son avant dernière chronique : du devoir d’être heureux.

« Il n’est pas difficile d’être malheureux ou mécontent ; il suffit de s’assoir, comme fait un prince qui attend qu’on l’amuse ; ce regard qui guette et pèse le bonheur comme une denrée jette sur toutes choses la couleur de l’ennui (…) Je fuis. L’expérience m’a fait voir assez que l’on ne peut distraire ceux qui s’ennuient d’eux-mêmes.

Au contraire, le bonheur est beau à voir ; c’est le plus beau spectacle. Quoi de plus beau qu’un enfant ? Mais aussi il se met tout à ses jeux ; il n’attend pas que l’on joue pour lui. Il est vrai que l’enfant boudeur nous offre aussi l’autre visage, celui qui refuse toute joie mais chacun a pu connaitre de grands enfants qui n’ont point cessé de bouder. Que leurs raisons soient fortes, je le sais ; il est toujours difficile d’être heureux ; c’est un combat contre beaucoup d’évènements et contre beaucoup d’hommes ; il se peut que l’on y soit vaincu ; il y a sans aucun doute des évènements insurmontables et des malheurs ; mais c’est le devoir le plus clair peut-être de ne point se dire vaincu avant d’avoir lutté de toutes ses forces. Et surtout, ce qui me parait évident, c’est qu’il est impossible que l’on soit heureux si l’on ne veut pas l’être ; il faut donc vouloir son bonheur et le faire.

Ce que l’on n’a point assez dit, c’est que c’est un devoir aussi envers les autres que d’être heureux. On dit bien qu’il n’y a d’aimé que celui qui est heureux ; mais on oublie que cette récompense est juste et méritée ; car le malheur, l’ennui et le désespoir sont dans l’air que nous respirons tous ; aussi nous devons reconnaissance et couronne d’athlète à ceux qui digèrent les miasmes, et purifient en quelque sorte la commune vie par leur énergique exemple. Aussi n’y a-t-il rien de plus profond dans l’amour que le serment d’être heureux (…) Tout homme et toute femme devraient penser continuellement à ceci que le bonheur, j’entends celui que l’on conquiert pour soi, est l’offrande la plus belle et la plus généreuse.

J’irais même jusqu’à proposer quelque couronne civique pour récompenser les hommes qui auraient pris le parti d’être heureux. Car, selon mon opinion, tous ces cadavres, et toutes ces ruines, et ces folles dépenses, et ces offensives de précaution, sont l’œuvre d’hommes qui n’ont jamais su être heureux et qui ne peuvent supporter ceux qui essaient de l’être. … Quand je reconnais quelque gnome qui annonce les guerres et les prépare, je n’examine jamais ses raisons, étant assez instruit sur ces malfaisants génies qui ne peuvent supporter que l’on soit tranquille.

On devrait bien enseigner aux enfants l’art d’être heureux ».